Historique des stages de chant du CEGM
de 1981 à 2015
Inaugurés en 1981, les stages du Centre d'Études Grégoriennes ont permis de découvrir ou d'approfondir le chant grégorien à sa source messine (VIIIe - IXe siècle) et aussi, en amont et en aval, les répertoires qui lui sont proches.
Les trois premiers stages, de 1981 à 1983, furent animés par dom Eugène Cardine (1905-1988), le moine de Solesmes qui a relancé la recherche du rythme des mélodies grégoriennes à partir de la lecture minutieuse des premiers neumes manuscrits. Il venait à Metz partager ses découvertes et donner des pistes de recherche devant un auditoire de grégorianistes avancés : maîtres de chœur des monastères ou des paroisses, religieux qui pratiquaient ce répertoire chaque jour, chanteurs, musiciens et musicologues.
L'enseignement de dom Cardine a donné définitivement leur style aux recherches du Centre d'Études Grégoriennes de Metz et aux prestations vocales des stagiaires, des élèves du Conservatoire de Metz et de la Scola Metensis.
Les stages suivants, organisés et animés par Marie-Reine et Christian-Jacques Demollière, ont accueilli au fil des années des personnalités telles que Marie-Claire Billecocq, Marie-Noël Colette, Brigitte Lesne, Katarina Livljanic, Catherine Schroeder, Anne Wagner, Olivier Cullin, Jean-Yves Hameline et Lucien Kandel.
Les stages, année après année :
1984 : Découverte du chant grégorien
Les neumes et leur interprétation, avec Marie-Claire Billecocq
1985 : Le Chant grégorien aujourd’hui
avec Marie-Claire Billecocq et Jean-Yves Hameline
1986 : Chantez du grégorien !
avec Marie-Claire Billecocq et Jean-Yves Hameline
1987 : 7e stage d’été
avec Marie-Claire Billecocq
1988 : Aux Sources du chant grégorien
avec Jean-Yves Hameline
1989 : Chant grégorien, tropes et séquences
avec Marie-Noël Colette
1990 : La Fraîcheur des sources
avec Jean-Yves Hameline dans le commentaire d'Amalaire de Metz
1991 : Chant grégorien et premières polyphonies
avec Brigitte Lesne, directrice de l'ensemble Discantus
1992 : L’Art vocal grégorien
avec Jean-Yves Hameline.
1993 : Chant grégorien et chant paléochrétien
Des modes archaïques à l’octoéchos, avec Olivier Cullin
1994 : Les Pouvoirs du chant
avec Jean-Yves Hameline
1995 : Les Neumes et le chant
avec Marie-Noël Colette
1996 : Le Chant bénéventain
avec Katarina Livljanic
1997 : Le chant de l’École de Metz (VIIIIe - XIIIe siècle)
avec Jean-Yves Hameline.
Visite des vestiges carolingiens de Gorze et de Verdun avec l'historien médiéviste Patrick Trimbur.
1998 : Le Chant de Hildegard de Bingen (née en 1098)
avec Catherine Schroeder et Marie-Reine Demollière.
Voyage en Allemagne : au Disibodenberg et à Bingen.
Concerts à Metz et à Nancy.
1999 : Les Cantigas du roi Alphonse
avec Catherine Schroeder et ses musiciens.
2000 : Des trois cordes-mères à l’octoéchos
20e stage d’été, avec Jean-Yves Hameline.
2001 : Chants des premiers siècles
21e stage
2002 / 2003 / 2004 : Comparaison du chant grégorien avec le chant romain, en particulier les introïts.
Interventions de Jean-Yves Hameline.
Concerts pour Metz en Fête :
Chants de Rome et de Metz à l’époque carolingienne, juillet 2002
Naissance du chant grégorien, juillet 2003
Le Chant de Metz au XIIIe siècle, juillet 2004.
2005 : Chant grégorien et traditions orales
2006 : Le Tonaire de Metz
avec trois conférences de l'historienne Anne Wagner
2007 : Le chant grégorien dans la Renaissance carolingienne
avec trois conférences d'Anne Wagner
2008 : Les tropes du Kyrie et du Gloria
avec Marie-Noël Colette.
Source : le tropaire de Moissac, XIe siècle
2009 : 29e stage
avec trois conférences de l'historienne Anne Wagner
2010 : 30e stage
Notre stage d'été, au fil du temps, a accueilli les plus grands spécialistes, offrant aux stagiaires venus de la France entière, de divers pays d’Europe et parfois du Japon ou du Canada, une approche du chant grégorien sans cesse mise à jour, suivant les avancées de la recherche. Cette trentième édition a permis de faire le point sur ce qui permet aujourd'hui de chanter le le chant grégorien de façon plus informée.
2011 : 31e stage
Anne Wagner, historienne médiéviste, y a proposé trois conférences richement illustrées sur la Renaissance carolingienne en Angleterre. Avec un éclairage particulier sur l'École d'York, dont était issu Alcuin, conseiller de Charlemagne et maître qui forma Amalaire de Metz.
2013 : deux stages (mai et juillet)
- Les premières polyphonies occidentales du IXe au XIIIe siècle
avec Brigitte Lesne
- Le chant grégorien dans les manuscrits médiévaux
avec Marie-Reine Demollière et Anne Wagner
2014 : deux stages (mai et juillet)
- La polyphonie à l'École Notre-Dame de Paris aux XIIe et XIIIe siècles
avec Alban Thomas
- Le chant grégorien dans le Cérémonial de la cathédrale de Metz (XIIe et XIIIe s.)
avec Marie-Reine Demollière et Virginie Trimbur
2015 : deux stages (avril et juillet)
- Le chant de Hildegarde de Bingen (1098-1179)
avec Marie-Reine Demollière
- Guillaume Dufay : plain-chant et polyphonie au XVe siècle
avec Lucien Kandel, directeur de l'ensemble Musica nova.
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Longtemps dans les émissions de musique ancienne sur France Musique, Jean-Yves Hameline († 2013) fut un collaborateur et conseiller fidèle du Centre d'Études. Sur les stages d'été, dont il était souvent l'invité, en 1990 il s'exprimait ainsi :
« Un grand musicographe du siècle dernier Joseph d'Ortigue, ami de Berlioz, faisait observer que même si l'on parvenait à rétablir la matérialité des mélodies grégoriennes, elles resteraient une langue musicale morte tant qu'on n'aurait pas rétabli une suffisante imprégnation des oreilles à partir des échelles musicales antiques et des tons de la psalmodie, et restitué quelque chose des conditions pratiques de leur exécution vocale. À vrai dire, il ne croyait guère la chose possible...
C'est pourtant sur ces deux éléments que le Centre d'Études Grégoriennes de Metz fonde sa pédagogie et sans doute aussi manifeste son originalité : pédagogie qui essaie de calquer la formation progressive du chanteur sur l'évolution du répertoire lui-même depuis les tournures antiques les plus simples et les plus fondamentales jusqu'aux formes plus évoluées qu'il prend avec son aménagement, en grande partie messin, à l'époque carolingienne.
À cette sensibilisation de la mémoire aux tournures fondamentales des mélodies, on lie une profération savoureuse et juste du texte sacré, et tout ce qui relève d'un art du chant proprement dit qui concilie les deux premières données dans un jeu de la voix, simple ou orné, toujours sensible et expressif, tel qu'on le voit décrit par les vieux Maîtres. »